Je la kiffe. Je la kiffe depuis que je l’ai découverte dans ce film où sa beauté animale m’a ravagée. Puis j’ai regardé tous les épisodes de la série dont elle est la jeune héroïne : neuf heures en ligne, juste pour ses beaux yeux. Et là, ils sont devant moi et ils me fixent. Pascale Buisson a planté ses yeux dans les miens et j’ai mouillé.

Ça faisait longtemps que je rêvais de la rencontrer. Certains de mes amis la connaissent et je les avais harcelés plus d’une fois pour qu’ils organisent une rencontre, mais ça n’avait jamais marché. Puis Jean m’invita à un souper à la campagne où je ne croyais connaitre personne. C’est alors qu’elle s’est pointée dans une paire de jeans faite pour elle et une camisole verte toute simple. Pascale n’a pas besoin de vêtement pour être mise en valeur, c’est elle qui donne de la valeur au tissu. Je désirais chacun des pores de sa peau, et j’étais un peu gênée d’être aussi fan.

Au cours de la soirée, je me joignis à une conversation intime dans la cuisine où elle parlait de sa dernière rupture amoureuse et des hommes de sa vie. Accotée dans l’embrasure de la porte, je l’observais discrètement, et je pouvais sentir les marques que le temps laissait sur la femme et sur l’actrice. Je la trouvais belle avec ses failles, et je me demandais comment une personne aussi charisme pouvait avoir autant de doutes. Remarquant son verre vide, je pris l’initiative de lui faire goûter un chardonnay que j’avais apporté. Elle me regarda, remarquant ma présence, et dégusta le vin en prenant son temps. Curieuse, elle me demanda : « Pis, toi, t’as un homme dans ta vie? ». J’esquissais un sourire comme à chaque fois qu’on me posait la question. « Non, je n’ai pas de femme dans ma vie en ce moment. » Elle ne cacha pas sa surprise de me savoir aux femmes. J’aimais cette franchise qui tranchait avec l’habituel étonnement que la plupart des gens tentaient de masquer. Les femmes surtout. Les hommes, eux, avaient toujours pour moi un tas de questions sur le pourquoi du comment. Une majorité ne comprenait pas comment on pouvait construire une vie sans hommes quand on a le physique qui les attire.

M’installant face à elle, je lui posais des questions sur sa vie, ses projets, feignant d’être vierge d’elle. Elle était en train d’écrire un scénario. Ça lui allait bien, je trouvais qu’elle avait le don de raconter des histoires. Un peu plus tôt autour de la table, tout le monde s’était délecté de ses anecdotes. Sa voix était chaude, son rire contagieux.

Elle sentit mon œil s’animer lorsqu’elle me partagea l’histoire qu’elle voulait mettre en scène. Devant mon engouement et ayant appris que j’étais moi-même scénariste, elle me proposa de venir chercher une copie du premier jet qu’elle avait écrit, curieuse d’avoir mes commentaires. « J’habite la maison juste à côté. », me dit-elle. Face à sa proposition inattendue, mon temps de réponse fut plus le résultat de la surprise que d’une réflexion. La question d’aller ou non chez Pascale Buisson ne se posait pas, mais ça, elle l’ignorait.

Et c’est ainsi qu’on se retrouva à marcher, côte à côte, sur les chemins non éclairés de campagne, au cœur d’une nuit chaude. La citadine en moi n’était pas habituée à une telle noirceur. Le sol était rocailleux et demandait toute mon attention. Elle nous fit prendre un chemin de traverse en coupant dans l’herbe. Je loupai la petite bute de terre et trébuchai dans le fossé en bordure de chemin. Rien de grave, juste de quoi écorcher ma dignité. Elle eut la délicatesse de s’assurer que j’allais bien avant de lâcher un rire. Elle me tendit la main pour que je rejoigne la terre ferme et la garda dans la sienne pour me guider. Elle marchait légèrement devant moi, en éclaireuse, sa petite main trapue tenait fermement mes longs doigts minces, moites de cette étreinte. Elle se retourna à plusieurs reprises et nous échangeâmes des regards francs. Je m’arrêtai devant une grange d’où s’échappaient des hennissements. Devant mon intérêt, elle me proposa d’aller voir ses chevaux.

Je me retrouve alors dans les docks à flatter une jument toute blanche. L’animal est calme, seule sa queue s’agite. Elle a fière allure. Je caresse ses flancs, sa peau est chaude, son poil humide. – « C’est fou comme elle est belle! », pensé-je à voix haute. – « C’est toi qui es belle. », me lance Pascale en me rejoignant dans les docks. Sa remarque me désarçonne. Je m’éloigne de l’animal et la cherche des yeux. Elle est postée à l’entrée de la grange. Sa silhouette se découpe dans la lumière blanche de la nuit. Un halo l’entoure. La scène est digne d’un film, c’en est un peu ridicule.

– « Qu’est-ce qui te fait rire? », me demande-t-elle.

– « On se croirait dans un film de Pascale Buisson… Mais pas vraiment, car tu n’es pas nue. »

C’est déplacé, pourtant elle rit et me répond du tac au tac.

– « Je peux t’arranger ça… »

Du regard, je la mets au défi. Elle plante ses yeux dans les miens et commence à se déshabiller. Elle enlève le haut. Je fais pareil pour l’inciter à retirer le reste. C’est à la fois théâtral et naturel. Violent aussi. En quelques secondes, elle est nue devant moi. Ma gêne la fait sourire. Mon corps bande et débande, oscillant entre peur et désir. C’est terriblement intimidant et excitant de se tenir à quelques mètres l’une de l’autre, debout, nues, face à face, sans tissu, ni le corps de l’autre pour se cacher. J’ai les jambes en coton. C’est elle qui s’avance vers moi. On se tourne autour, comme deux animaux qui se reniflent. Son corps est ferme et mûr. Je me glisse dans son dos. J’aime la perspective de la voir comme elle se voit, une vue en plongée de ses seins, de son ventre, de la rousseur de ses poils. Je respire sa nuque.

Je n’ai jamais fait l’amour dans une grange. On pense toujours s’ébrouer dans le foin, mais les brindilles pointues comme des couteaux ne sont pas une option pour nos peaux délicates. Elle m’attire vers une poutre basse où reposent des selles à cheval. Et pendant que mes fesses trouvent leur place contre le cuir, mes lèvres rencontrent les siennes. Sa langue est chaude et curieuse, ses baisers lents et profonds. Je ne me souviens pas avoir été aussi bien embrassée depuis longtemps. Je ne veux pas quitter sa bouche, mais l’odeur de son sexe m’appelle. Je la prends par la taille et l’assieds à son tour sur la selle en cuir. Cela me fait sourire de la voir perchée ainsi, les deux jambes d’un seul côté de la selle comme les aristocrates d’autrefois corsetées dans leurs bonnes manières. C’est si loin d’elle, tellement masculine dans sa liberté. Saisissant ses hanches, je dépose ma bouche sur son sexe. La lumière de la lune caresse sa peau de lait tandis que je la bois, lentement et longuement. Elle goûte le beurre, la fleur de sel, la muscade. Son jus coule le long de mes joues et finit sa course dans mon cou en me chatouillant. Ses cuisses collent mes oreilles, mais j’arrive à entendre ses gémissements. J’aurais donné cher pour avoir le don d’ubiquité : la manger et l’embrasser en même temps.

Je me décide à quitter son sexe pour sa bouche et je sens sa frustration à ce que j’interrompe son plaisir. En me relevant, je la pénètre lentement et profondément. Elle inspire. C’est indescriptible d’être en elle. Mon pouls bat sous mes ongles. Je prends plaisir à l’explorer du bout des doigts tout en la sondant du regard. Ses pupilles s’épanouissent et se rétractent au rythme de son excitation. Je travaille fort à son orgasme tout en souhaitant le retarder le plus possible pour rester en elle, longtemps, au chaud, encore, au fond d’elle.

Je suis beaucoup trop excitée pour profiter pleinement du moment. Je suis là et partout à la fois, en elle, sur elle, dans la pupille de ce cheval, sur les routes de campagne, encore dans cette cuisine à déguster du vin. Dans ma tête défile tout le film de la soirée qui a rendu possible ce moment d’intimité un peu surréel.

Elle me ramène à la réalité en plongeant à son tour ses doigts en moi. La sensation est telle que je me vide de mes fluides d’un coup. Je regarde la flaque à terre, surprise. C’est la première fois que ça m’arrive. Mon éjaculation l’excite. Elle se remet à me caresser. Sa beauté m’impressionne. Ses traits racés, sa bouche fière, la dureté de son regard de biche. À défaut de pouvoir soutenir son regard, je me retourne et lui présente ma croupe en me couchant sur la selle. Ses mains semblent deviner exactement de quoi j’ai envie, et comment je le désire. Son doigté laisse entrevoir une expérience certaine qui me trouble. Elle joue en moi longtemps, variant le nombre de doigts et la cadence. Elle est endurante et inspirée. Puis, devant mon plaisir qui plafonne, elle se retire au bon moment créant le vide qui me fait imploser. Elle libère sa main et, la portant à ma bouche, me fait goûter les parfums de mon corps qu’elle a visités. Je jouis bruyamment. Mes muscles se convulsent et je me dandine dans un dernier sursaut pour la faire venir, mais c’est elle qui tient les rênes, couchée sur moi. Je sens sur mes fesses son sexe trempé. Elle glisse sur mon cul, langoureusement, et jouit à son tour. Je ne vois pas son œil orgasmer, mais je reçois son cri dans mon oreille et son haleine chaude et parfumée meurt dans mon cou.

Toute une petite mort.

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